Nouvelles

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Simone Meyssonnier

1930-2023

 

Notre collègue et amie Simone Meyssonnier est décédée à Compiègne le 14 janvier 2023. Un dernier hommage, sobre et émouvant, lui a été rendu, le 27 janvier 2023, au crématorium de Saint-Sauveur, en présence de sa famille et de ses proches, mais aussi de nombreux collègues, voisins et amis.

 

Née en 1930 à Bordeaux, Simone y fit ses études secondaires puis supérieures à la faculté de droit et d’économie, avant de rejoindre Paris, après avoir intégré l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement technique (ENSET) de Cachan, où elle se forma entre 1948 et 1953. Titulaire du CAPET de sciences économiques et sociales, elle fut d’abord nommée à Alger, où elle enseigna dans un lycée de 1953 à 1955, et où elle rencontra Jean Meyssonnier, ingénieur à l’Electricité et Gaz d’Algérie, qu’elle épousa en 1955. En 1956, prévoyant l’indépendance de l’Algérie, le jeune couple quitta le pays en pleine guerre pour s’installer à Montbéliard (Doubs), où Jean devint ingénieur chez Peugeot et Simone professeure au lycée. Deux enfants naquirent, François et Pierre. En 1964, Jean fut embauché chez Colgate-Palmolive à Compiègne, où la famille vint définitivement s’établir, s’installant à Lacroix Saint-Ouen à partir de 1975.

Simone enseigna alors à la Cité technique Mireille Grenet (1964-1975), puis au lycée Pierre d’Ailly (1975-1990), ainsi qu’à l’Université de Technologie de Compiègne (1989-1995). Promue agrégée en sciences économiques, elle devint docteure de l’EHESS, soutenant en 1987 une thèse sur la genèse du libéralisme économique en France au XVIIIe siècle, publiée dès 1989 sous le titre La Balance et l’Horloge. Elle participa à plusieurs ouvrages collectifs sur les économistes français fondateurs du libéralisme au siècle des Lumières et édita, pour la première fois en France, les Remarques de Vincent de Gournay (sur-Aronde), Intendant de Commerce sous Louis XV, un praticien et penseur qu’elle contribua à faire redécouvrir et dont elle devint une des meilleures spécialistes.

Au point de départ de sa recherche, il y avait eu un premier article sur la carrière et la pensée de l’économiste Jacques Vincent (1712-1759), qui avait complété son patronyme par l’acquisition de la seigneurie de Gournay-sur-Aronde ; cette étude parut, en 1979, dans le cadre d’une livraison des Annales Historiques Compiégnoise consacrée à la riche histoire de ce village picard. Par la suite, Simone a sensiblement approfondi et élargi ses recherches, débouchant sur une thèse originale, qui contribua largement à renouveler l’intérêt pour les penseurs et praticiens de l’économie précurseurs du libéralisme économique en France, forgeant le concept discuté mais fécond de « libéralisme égalitaire » au siècle des Lumières. Simone a su nous faire profiter de ses travaux, en organisant notamment, avec nos sociétés d’histoire locale, un beau colloque à l’Université de Compiègne, en mars 2007, « autour de Vincent de Gournay, Intendant du Commerce au temps de la première mondialisation », une rencontre qui réunit les meilleurs historiens et économistes spécialistes de la période.

Simone s’est aussi intéressée à l’histoire locale, à commencer par celle de Lacroix-Saint-Ouen, où elle résida longtemps et s’investit fortement. Dans le cadre des manifestations pour l’an 2000, elle participa, avec Robert Hérisson, à la collecte de souvenirs d’habitants, débouchant sur l’exposition « La Croix-Saint-Ouen, hier et aujourd’hui », accompagnée d’un copieux livret. Elle récidiva en 2011, en coordonnant un numéro spécial des Annales Historiques Compiégnoises entièrement consacré à l’histoire de Lacroix Saint-Ouen, où elle écrivit elle-même plusieurs articles, sur les découvertes archéologiques au village, le centre d’entraînement des chevaux de courses en activité au XIXe siècle ou encore les valeureuses Résistantes locales pendant la Seconde guerre.

Au printemps 2018, à l’occasion du cinquantenaire des événements de mai-juin 1968, Simone accepta bien volontiers de raviver ses souvenirs de cette période agitée, qu’elle vécut au lycée Mireille Grenet de Compiègne, témoignant de ses engagements politiques et syndicaux, aux côtés de ses collègues et élèves du premier établissement secondaire de la ville, en pointe dans le mouvement.

Enseignante très écoutée, chercheuse de premier ordre, Simone était aussi une femme très engagée dans la vie sociale et publique. Adhérant aux valeurs libérales et humanistes de la franc-maçonnerie, elle s’investit dans des combats sociétaux, avec le planning familial, mais aussi dans l’action politique et la vie de la commune, participant avec son mari Jean à l’animation de la section locale du parti socialiste et étant élue au conseil municipal de Lacroix Saint-Ouen.

Forte personnalité, femme de tête et de cœur, toujours sur la brèche, Simone a été, jusqu’au bout de sa longue et fructueuse vie, une grande dame brillante et élégante, volontaire et engagée, dont le rayonnement aura durablement marqué notre ville et son territoire, comme plusieurs générations de ses collègues et amis, ayant eu la chance de la rencontrer et à qui elle va beaucoup manquer.

A ses fils François et Jean, à sa famille et à ses proches, dont nous partageons toute l’émotion, notre société présente ses sincères condoléances.

 

Jacques BERNET, Président d’honneur de la Société d’Histoire moderne et contemporaine de Compiègne.

 

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Maurice Delaigue

1922-2021

 

Originaire de la vallée du Rhône, il avait rejoint la région parisienne pour effectuer une carrière chez Air France. Il vint s'installer en 1974 à Coye-la-forêt Coye et se consacra à l'histoire et à la rédaction d'une douzaine d'ouvrage. Fidèle lecteur de notre revue, il avait publié dans nos colonnes (n°53/54) en 1993 « Alexandre Andryane de Coye-la-Forêt et la littérature carcérale au XIXe siècle ».

Jean-Paul ANGELELLI [1934-2022]

 

Notre collègue et ami Jean-Paul ANGELELLI, ancien professeur d’histoire-géographie au lycée Jeanne Hachette de Beauvais, est décédé dans sa 88ème années, le 18 janvier 2022. Ses obsèques ont été célébrées le 26 janvier à Beauvais, où il a été inhumé.

Né à Alger le 24 août 1934, Jean-Paul Angelelli était d’une famille d’ascendance corse installée en Algérie au début du 20ème siècle, fils d’un ingénieur décédé accidentellement quand il n’avait que 18 ans. Il fit ses études secondaires au lycée d’Alger puis son cursus universitaire à la Faculté des lettres de la ville, où il obtint une licence d’histoire. Il y rencontra Marie-Geneviève, d’une famille alsacienne installée comme agriculteurs en Kabylie après 1871, et le couple se maria en 1957. Appelé de 1960 à 1962 en pleine guerre d’Algérie et mobilisé pendant 27 mois, il fit son service au 6ème Spahis dans l’ouest constantinois, obtenant la Croix de la Valeur militaire. Partisan convaincu de l’Algérie française, il s’engagea dans l’OAS. Rapatrié en métropole, il fut d’abord nommé en 1963 professeur au lycée de Pithiviers, puis obtint en 1969 sa mutation au lycée Jeanne Hachette de Beauvais, où Marie Geneviève le rejoignit, après avoir enseigné au collège Henri Beaumont ; l’un et l’autre devaient y accomplir le reste de leur carrière, comme professeurs certifiés en histoire-géographie jusqu’à leur retraite.

Jean-Paul Angelelli soutint à Nanterre en 1972 une thèse de doctorat en histoire, dont le sujet était : L’Algérie et l’opinion française en 1930. Tout en rédigeant régulièrement des articles et de nombreux comptes rendus d’ouvrages dans la presse nationale, il a publié deux livres : Une guerre au Couteau, relatant ses souvenirs de la guerre d’Algérie, paru en 2004 aux éditions Jean Picollec et une biographie du général Salan, coécrite avec Bernard Zeller, fils du général éponyme, parue aux éditions Pardès en 2016. Vice-président de l’Association des Amis de Raoul Salan de 2004 à 2015, sa passion était l’Algérie française, dont il garda toute sa vie la grande nostalgie.

Homme engagé et ouvert au dialogue, d’une grande culture, passionné d’histoire et de politique, Jean-Paul Angelelli était un des plus anciens et fidèles adhérents de notre Société d’Histoire moderne et contemporaine de Compiègne. A son épouse Marie-Geneviève, à ses enfants, à sa famille et à ses proches, notre Société présente ses plus sincères condoléances.

 

Jacques BERNET, Président d’honneur de la Société d’Histoire de Compiègne.

 

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Pierre Jean Lennes

1934-2021

 

Son fils Thierry, à notre demande, nous livre quelques traits de son portrait : «  Il a été très marqué dans son enfance par l'occupation allemande dans son quartier des Buttes Chaumont à Paris, et plus encore par son année passée avec oncle et sa tante à Ligny-le-Châtel dans l'Yonne, où, petit poulbot exilé de Paris à cause des difficultés de rationnement, il découvrit avec fascination le monde rural. 70 ans après il y retournait encore régulièrement !

Passionné de littérature et d'histoire il vouait une passion particulière, mais non exclusive, au Moyen Age et notamment les différents ordres monastiques, à la Révolution française et la Révolution russe et puis le Flamenco et puis beaucoup d'autre choses... Il adorait son métier d'enseignant et si j'en crois les nombreux témoignages reçus d'anciens élèves et collègues, je me sens autorisé à dire que c'était un bon prof, parce qu'il était passionné et passionnant et qu'il aimait les gens tout simplement. »

 

Notre collègue fut d'abord instituteur, il devint ensuite PEGC et enfin professeur certifié d'histoire-géographie au collège de Crépy-en-Valois. Il était un fidèle de notre société et était abonné à notre revue depuis le premier numéro.

 

A tous ses proches nous adressons nos plus sincères condoléances.

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Monsieur Bernard BOITEL DE DIENVAL

1927 - 2021

 

Bernard Boitel de Dienval était membre de notre Société depuis 2005. Il assistait très régulièrement à nos conférences et sa présence ne cessa qu'avec ses difficultés de déplacement. Ancien cadre des AGF en région parisienne, il revint dans le Compiégnois à la retraite et put enfin réaliser son rêve d'habiter le château de la Folie, entre Pierrefonds et Palesnes. Ce domaine, ancienne possession familiale depuis la fin de l'Ancien régime, était au cœur de ses pensées et l'idée de devoir le quitter un jour le désolait. En 2015, il mit ses archives familiales à notre disposition pour la rédaction d'un article consacré à La Famille Boitel de Dienval et la Folie à Pierrefonds dans le N° 139-140 des Annales Historiques Compiégnoises.

 

Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.

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Décès de Catherine Henrion [1948-2021]

 

par Jacques Bernet, Président d’honneur 

 

Notre collègue et amie Catherine Henrion, adhérente de longue date de notre Société d’histoire de Compiègne, est décédée le 4 janvier 2021 dans sa 73e année, des suites d’une longue maladie.

Catherine était née le 28 mai 1948 à Compiègne, où son père, Pierre Henrion, professeur agrégé d’histoire, enseignait l’histoire-géographie au lycée Pierre d’Ailly, un établissement dont il se fit l’historien, publiant en 1950 Le Lycée de Compiègne. Une histoire de l’Enseignement Secondaire en Province. En 1956, Pierre Henrion ayant été muté au prestigieux lycée Lakanal de Sceaux, la famille s’installa à Bourg-la-Reine, commune située sur la ligne de Sceaux au sud de Paris. Catherine arrivée en région parisienne à l’âge de huit ans fit ses études secondaires au lycée Marie Curie de Sceaux, de la 6e à la terminale, puis en classes préparatoires littéraires au lycée Lakanal. Elle poursuivit son cursus universitaire à la Sorbonne, où elle obtint une licence et une maîtrise d’histoire et fut reçue au CAPES d’histoire-géographie en 1972. Après une année de stage en région parisienne, l’Education Nationale la nomma à la rentrée de septembre 1973 professeure certifiée titulaire au collège Gaëtan Denain de Compiègne, lui permettant ainsi de retrouver la ville où elle avait passé toute sa première enfance. Elle devait rester fidèle à cet établissement, situé entre la rue de Paris et la rue Saint-Joseph, jusqu’à la création du nouveau collège Jules Verne de La Croix Saint-Ouen, à la formation duquel elle participa à sa demande et où elle devait terminer sa carrière en 2008. Enseignante très motivée et consciencieuse, toujours bienveillante avec ses élèves, elle en fut très écoutée et fort estimée, formant pendant plus de 35 ans des générations de collégiens à Compiègne puis à La Croix-Saint-Ouen, qui ont gardé d’elle le meilleur souvenir. Elle était aussi très appréciée de ses collègues, pour sa gentillesse, son écoute et sa grande modestie.

Catherine adhéra dès sa création en 1978 à notre Société d’histoire moderne et contemporaine de Compiègne, et elle en resta membre presque jusqu’à sa disparition, étant longtemps assidue à nos conférences et excursions, toujours fidèle lectrice de notre revue. Au moment du centenaire de la Première Guerre mondiale, elle nous avait fait part du résultat de ses longues et minutieuses recherches dans la généalogie familiale, qui lui avaient permis entre autres de suivre le parcours d’ancien combattant de l’un de ses grands oncles, principalement dans la Somme. Elle avait, à cette occasion, participé généreusement à la grande collecte de témoignages et de documents familiaux sur la Grande Guerre, conduite par les Archives départementales.

Catherine avait d’autres engagements associatifs à caractère spirituel et caritatif, qu’elle mettait en œuvre avec discrétion et modestie, traits qui caractérisaient sa personnalité bienveillante et chaleureuse, toujours ouverte aux autres. Sa brutale disparition bien trop précoce constitue une grosse perte pour son entourage, pour sa famille et pour ses proches à qui notre Société présente ses sincères condoléances.

 

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Décès de Bernard ROUX [1936-2021]

 

par Jacques Bernet, Président d’honneur 

 

Notre collègue et ami Bernard ROUX est décédé le 6 octobre 2021 à l’hôpital de Compiègne, dans sa 85ème année. Ses obsèques ont été célébrées en l’église de Ribécourt, le 13 octobre 2021, suivies de son inhumation dans le cimetière de la commune, en présence d’une nombreuse assistance.

Bernard était né à Paris le 18 décembre 1936. Orphelin de sa mère à six mois, il fut élevé par la sœur de celle-ci. Sa jeunesse fut aussi bouleversée par la Seconde guerre mondiale, avec l’exode en 1940, les bombardements en région parisienne en 1944, son père prisonnier de guerre en Allemagne jusqu’en 1945. Sa famille s’étant établie à Orly en banlieue sud de Paris, il fit ses études secondaires à Chatenay-Malabry puis en classe préparatoire littéraire au lycée Lakanal de Sceaux. Reçu au concours des IPES, il poursuivit son cursus universitaire en histoire-géographie à Paris à la Sorbonne et à l’Institut de géographie de la rue Saint-Jacques, soutenant un DES en géographie, ancêtre de la maîtrise ou master 1, sur l’aéroport d’Orly, première plate-forme aéroportuaire parisienne et nationale jusqu’à l’ouverture de Roissy-Charles de Gaulle. Reçu au CAPES d’histoire-géographie en 1961, il fit son stage pédagogique dans l’Académie de Dijon. Il avait été nommé à la rentrée de septembre 1962 au lycée d’Hirson (Aisne), mais devait, en place du service militaire, enseigner deux années scolaires comme coopérant en Martinique, un séjour dont il garda le meilleur souvenir. A son retour en France, il fut nommé à la rentrée de septembre 1964 dans la section masculine du lycée Pierre d’Ailly de Compiègne, situé alors rue d’Ulm, un établissement où il avait déjà été surveillant en 1960-1961. L’externat de la section féminine était alors hébergé rue Saint-Lazare et l’Internat féminin Boulevard des Etats-Unis, où le lycée mixte Pierre d’Ailly s’installa à la rentrée de septembre 1970. Bernard y accomplit pratiquement toute sa carrière enseignante comme professeur certifié puis agrégé d’histoire-géographie, avec une charge s’enseignement de géographie en BTS au lycée Charles de Gaulle à partir de 1990, jusqu’à sa retraite en juillet 1997.

            Bernard Roux était un membre actif de la Société d’Histoire moderne et contemporaine de Compiègne depuis sa création en 1978 et il était resté un fidèle lecteur de sa revue Annales Historiques Compiégnoises, à laquelle avait apporté sa contribution, notamment par un article sur « Le rail à Compiègne (1847-1961) », publié dans le n° 24 spécial de la revue consacré à La gare de Compiègne dans l’histoire, paru en 1983. Géographe spécialiste des transports, le rail était sa grande passion : ainsi il nous avait proposé des conférences sur deux de ses sujets de prédilection, « La grande vitesse ferroviaire en Europe » et « le retour du tramway dans les villes françaises depuis 1985 ». Plus récemment, il avait aussi apporté son témoignage, avec Simone Meyssonnier, sur « Mai 68 dans les lycées de Compiègne », lors de la journée d’études tenue le samedi 19 mai 2018 à la Bibliothèque Municipale Saint-Corneille de Compiègne, pour le cinquantenaire des événements de mai-juin 1968 ; le texte en a été publié dans le n° 149-150 des Annales Historiques Compiégnoises au printemps 2018.

            Bernard était un enseignant très consciencieux et motivé, toujours soucieux de l’amélioration de ses connaissances et de la réussite de ses élèves, qui gardent un excellent souvenir de ses cours à la fois riches et plaisants. Il était aussi un collègue affable, très convivial, toujours prêt à rendre service ; il avait été longtemps responsable du cabinet d’histoire-géographie du lycée Pierre d’Ailly. Grand spécialiste des transports aériens, routiers et surtout ferroviaires, il était aussi modéliste et avait été trésorier fondateur de l’Association des modélistes ferroviaires de Compiègne (A.O.C.F.). Il avait une connaissance encyclopédique des lignes de chemins de fer et du matériel ferroviaire en France, mais aussi en Allemagne et en Suisse, où il fit de nombreuses excursions, dont il rapporta une impressionnante série de photographies et de films ; sa bibliothèque et sa photothèque ferroviaires étaient un trésor, dont il aimait partager les richesses avec sa famille, ses collègues et amis.

            A son épouse Martine, à ses enfants Isabelle et Jean-Didier, à toute sa famille et à ses proches, notre société présente ses plus sincères condoléances.

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Décès de Pierre Arches [1931-2020]

 

par Jacques Bernet, Président d’honneur 

L'historien Pierre Arches, ancien président de la Fédération des sociétés savantes et culturelles des Deux- Sèvres, s’est éteint le mardi 2 juin 2020 dans sa 89e année. Ancien professeur d’histoire-géographie au lycée Ernest-Pérochon à Parthenay, Pierre Arches a été président de la Société historique de Parthenay et du Pays de Gâtine, de 2004 à 2014, et de la Fédération des sociétés savantes et culturelles des Deux-Sèvres, de 1999 à 2009.
On lui doit de nombreux travaux notamment sur Parthenay et les Deux-Sèvres, son département d’adoption. Il est l’auteur d'une thèse intitulée Les Deux-Sèvres (XVIIIe-XIXe siècles) : société, économie, vie politique.

         Son décès nous a été annoncé par le professeur Jean-Marc MORICEAU, Président de l’Association d’Histoire des Sociétés Rurales (AHSR), dont il avait été un des premiers membres. Pierre Arches était aussi de longue date un correspondant assidu de notre Société d’Histoire de Compiègne et abonné à notre revue, qui a rendu compte des publications qu’il nous a fait régulièrement parvenir.

La Garde nationale de Montauban aux débuts de la Révolution, 22 juillet 1789 – mai 1790, DES Toulouse, dir. par Jacques Godechot, 1954.
« Etude sociale d’un bataillon contre-révolutionnaire de la Garde nationale de Montauban, avril à mai 1790 », Actes du 80e congrès national des Sociétés savantes, Lille, 1955, Paris, CTHS, p. 163-169.

« La Garde Nationale de Saint-Antonin et les fédérations du Rouergue et du Bas-Quercy (juillet 1789-juillet 1790) », Annales du Midi, 1956, tome 68, n°36, p. 376-390.
« La garde nationale d’Albi et l’échauffourée montalbanaise du 10 mai 1790 », Actes du 11e congrès de la FSAS Languedoc-Pyrénées-Gascogne (Albi, 1955), Albi, 1956, p. 82-85.

« La fête de la fédération en 1790 dans la commune de Montauban », Actes du 79e congrès des Sociétés savantes (Alger, 1954), Paris, CTHS, p. 93-102.
« Révolution et contre-révolution à Saint-Paul (Pays de Foix) à la fin de 1789 », Annales du Midi, 1970, tome 82, n°96, p. 45-59.

« Les origines du conventionnel toulousain Jacques-Marie Rouzet (1743-1820) », Annales du Midi, 1971, tome 83, n°104, p. 431-439.
« La franc-maçonnerie à Montech à la veille de la Révolution », Montauban et le Bas-Quercy : actes du XXVIIe Congrès d'études de la FSAS Languedoc-Pyrénées-Gascogne et du XXIVe Congrès d'études de la Fédération historique du Sud-Ouest (Montauban, 1972), Albi, 1972, p. 260-270.

« Parthenay au début de 1789 : problèmes politiques et économiques, la franc-maçonnerie », Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 2e série, t. V, 1972, n°2-3, p. 98-127.
« Parthenay en 1872. Une ville et son maire », Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux- Sèvres, 8, n°124, 1975, p. 99-174.

« La ligue des droits de l’homme et du citoyen à Parthenay et dans les Deux-Sèvres (1935-1936), Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 1977, tome X, n°2-3, p. 353-395.
« Champedeniers et les « réfugiés » sous la Révolution », Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 2e série, t. X, 1977, n°2-3, p. 289-310.  

Grands notables du Premier Empire. Tome 17. Deux Sèvres, Paris, éd. du CNRS, 1988, 130 p.
« La mort à Parthenay (1750-1780) : le problème des sépultures », Clepsydre, 1994, 1, p. 8-17.
« Au cœur d'une famille de notables parthenaisiens avec le Dr Hyacinthe Ledain (1795-1872) et l'historien Bélisaire Ledain (1832-1897) », Bulletin de la Société historique de Parthenay et du Pays de Gâtine, 2004, n°1, p. 15-52.
Les Deux-Sèvres (XVIIIe-XXe siècles) : société, économie, vie politique, thèse, Tours, sous la direction de Claude Petitfrère, 2005, 2 vol., 124 f.

Saint Napoléon

Hommage à Paul Oudart
(1938-2020)


géographe de la Picardie

 

par Alain JM BERNARD
Professeur honoraire à l’UTC

 

Cette biographie témoigne de ce qu’était devenir géographe dans la seconde moitié du XXe siècle. Paul Oudart, né le 2 Janvier 1938 à Lille, et inhumé le 27 mars au cimetière de la Madeleine à Amiens dans sa 83e année, était un provincial, issu d’un milieu modeste ; il avait gravi patiemment les grades académiques, en passant les concours de l’enseignement, sur fond de démocratisation scolaire et universitaire. Boursier à l’École normale d’instituteurs de Douai (1953-1957), il fut successivement admis au centre de formation des professeurs des Cours complémentaires (1955-57), au CAPES et à l’agrégation (1963) ; professeur de collège à Anniche et Lomme (1959-1962), puis au Lycée Faidherbe à Lille (1964-1965), il fut détaché de l’enseignement secondaire comme assistant de géographie au Collège Universitaire d’Amiens lors de sa création en 1965. Son cursus honorum s’inscrivit dès lors dans le travail pionnier qu’accomplit une génération de jeunes enseignants : développer et installer durablement une université de Picardie, à Amiens. Il fit l’intégralité de sa carrière à l’Université de Picardie Jules Verne, soit 34 ans, successivement promu maître-assistant (1970), maître de conférences (1985), professeur des universités (1989), professeur émérite (1999).

Une formation solide en histoire, l’état madréporique de la science géographique, et la faiblesse des moyens humains de la jeune université, ont fait de Paul Oudart un géographe pragmatique, et  polyvalent, qui pouvait  enseigner  la géographie physique,  la géographie humaine et la géographie régionale. Il était ouvert à certains questionnements scientifiques de son temps : comment régionaliser ? Qu’est-ce qu’une ville socialiste ? Quid du site et de l’histoire dans l’évolution urbaine ? Il s’adonna à de nouveaux objets et de nouvelles méthodes : la démographie et la géographie de la population, la statistique. Mais apodictique, sa géographie était d’abord un ensemble de pratiques, plus ou moins renouvelées : le terrain, la carte, l’analyse de données. Ne cédant pas à la déréliction épistémologique, et aux déplorations de ses cadets sur l’état de la géographie classique, il s’intéressait à l’applicabilité de la géographie sous une forme connue - l’aménagement du territoire -, et dans un secteur pionnier - les territoires de l’éducation -. Collaborateur du Livre blanc sur Amiens (1971), membre du deuxième collège du Comité Économique et Social Régional (1973-1995), membre du bureau du CESR (1977-1995), il faisait découvrir à ses étudiants la recherche opérationnelle, en les invitant à partager leurs travaux académiques avec les milieux économiques et les administrations régionales.  Notre ami avait présenté ses travaux à la Société d’Histoire Moderne et Contemporaine en avril 1984 (1).À bien des égards, le maître-ouvrage de Paul Oudart, sa thèse de doctorat d’État consacrée aux grandes villes de la couronne parisienne entre Picardie et Champagne, apparaît comme l’aboutissement intellectuel d’une égohistoire, et le parachèvement de la géographie régionale de la Picardie après les grandes synthèses d’Albert Demangeon et Philippe Pinchemel (2).

Paul Oudart était attaché à des formes d’engagement comme le syndicalisme, mais il est un domaine spécifique dans lequel il s’activa avec détermination : la professionnalisation du métier d’enseignant. Au sein de l’UPJV, il dirigea le service universitaire de pédagogie (CUFOPSE) et initia un module optionnel de préparation aux métiers de l’enseignement. Il s’impliqua également dans la rénovation de la formation des instituteurs, le projet d’Institut Universitaire de Formation des Maîtres, ainsi que la formation pratique et continue des professeurs du secondaire : il fut codirecteur du Centre Pédagogique Régional de l’académie d’Amiens de 1983 à 1991.

Ressort de la biographie de Paul Oudart un moment singulier de l’histoire de la Picardie quand l’engagement des élites locales, les liens interpersonnels et les convergences de vue vivifiaient un dispositif de création de capital humain et d’ancrage régional. Les travaux de Paul Oudart resteront importants pour les historiens. Fondamentalement, cette œuvre profuse constitua une analyse stratégique de la Picardie, située à l’acmé de l’histoire de la région et d’une identité retrouvée, quand le volontarisme et le militantisme régional préparaient et accompagnaient la décentralisation. Aujourd’hui, l’immense base de faits souligne l’affaiblissement des territoires picards, malgré 30 ans de politiques régionales diverses.

Faire l’éloge d’un pédagogue, c’est préciser les questionnements qu’il a pu susciter. À l’origine de ma rencontre avec le topos systèmes et communautés hydrauliques, se trouvent les annotations de Paul Oudart sur les usages collectifs de l’eau en Asie centrale soviétique, étayés par des rencontres d’objets emblématiques -  les watering des Flandres, les  renclôtures de Picardie -, la lecture de Jean Brunhes - les oasis du Souf -, le surlignage du rôle des bourgeoisies urbaines ou de l’État dans les poldérisations des Pays-Bas. La théorie des jeux, le dilemme du prisonnier m’ont d’abord permis de penser la « tragédie des communs » et la durabilité forte, puis, certains travaux d’Elinor Ostrom m’ont fait réévaluer les valeurs et motivations irréductibles à la rationalité économique des communautés hydrauliques : au-delà des techniques, les systèmes hydrauliques s’inscrivent dans une grande variété de configurations institutionnelles (3). Ce cheminement orienté vers la gouvernance des communs retrouve aujourd’hui un objet ancien - la région vidalienne - sous une forme nouvelle - la biorégion des écoles territoriales -. Il nous faut rendre hommage aux classiques de l’École de Picardie.


(1) Le 28 avril 1984, le thème était « La croissance d’Amiens et de Saint-Quentin ». A cette occasion, Paul Oudart nous avait  offert un exemplaire de l’histoire de Reims, publiée chez Privat, à laquelle il avait collaboré. Elie Fruit avait présenté cet ouvrage dans le n° 27 des Annales Historiques Compiégnoises, daté de l’automne 1984, p. 46. 

(2)Damais Jean-Philippe. Paul Oudart, Les Grandes Villes de la couronne urbaine de Paris, de la Picardie à la Champagne. In Annales de Géographie, t. 96, n°534, 1987. pp. 235-237.www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1987_num_96_534_20604_t1_0235_0000_3

(3)Elinor Ostrom, Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, Révisé par Laurent Baechler, 1ère édition française de l'ouvrage, juin 2010, 301 pages