L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales, 1914-1945
Nous vous proposons différentes ressources pour le programme d'histoire en classe de 3ème concernant ce thème. Vous trouverez en particulier un état des lieux de la recherche sur l’impact social et politique de la Guerre d’Espagne dans l’Oise, accompagné de documents d’archives.
- Lien avec la recherche dans notre département
- Documents d'archives :
- Réfugiés espagnols à Pont Sainte Maxence. Extrait du journal ouvrier « Le Travailleur de Somme et Oise », n°222, 2 au 8 octobre 1937. Le contingent de réfugiés espagnols assigné au département de l’Oise s’élève à 1 000 individus. La préfecture se charge dans un premier temps de la répartition de ces effectifs sur le territoire isarien, principalement sur le Beauvaisis et le Compiégnois. L’organisation est laissée très rapidement aux communes dont le poids de la réussite des conditions d’accueil incombe réellement. Le samedi 14 août 1937 après-midi arrive par train en gare de Beauvais un premier convoi de 258 réfugiés, composés pour l’essentiel de femmes et d’enfants. Un autre convoi à destination de Pont-Sainte-Maxence et de Compiègne quittant la capitale bordelaise dans la nuit du mardi 17 août avec près de 250 réfugiés de la région de Santander.
- Accueil des enfants réfugiés espagnols au Château de la Brevière à Saint-Jean-Aux-Bois (Archives départementales de l'Oise, Mp 5537). L’odyssée des enfants espagnols est l’une des pages les plus dramatiques des événements d’Espagne qui suscita à la fois les sentiments d’angoisse, de douleur et de joie. Elle fut une réelle épreuve pour des milliers d’enfants avec le changement brutal de pays, d’environnement d’encadrement et de rythme de vie. C’est dans ce contexte difficile que l’accueil des enfants devient une action politique à part entière dès le début du conflit. La France accueillit à elle seule plus de la moitié des enfants exilés. Le premier appel dans la presse ouvrière locale du département afin de recevoir des enfants espagnols date ainsi du 13 septembre 1936. L’accueil de ces enfants se fit soit dans de façon collective à travers la mise en place de colonies, soit de manière individuelle par placement dans des familles. Ce mouvement est largement financé par des organismes, associations et comités privés. En février 1937, un centre de refuge pour les enfants espagnols est inauguré à Saint-Jean-aux-Bois par la présence du sous-secrétaire d’État à la protection de l’enfance, Suzanne Lacore. La création de ce centre, situé au château de la Brévière, est à l’initiative d’un couple de riches suédois, les époux Aschberg, et favorable à la République espagnole. Leur engagement politique à gauche est manifeste depuis les années 1920 où Olof Aschberg, banquier, aurait aidé au financement des activités des Bolcheviks en Russie. Au mois d’octobre 1933 Madame Aschberg prête le domaine de La Brévière au comité Français de l’Union Internationale de secours aux enfants (organisation patronnée par la Croix-Rouge) pour qu’il y soit accueilli temporairement des enfants de réfugiés Allemands. Il s’agit alors d’enfants de familles juives fuyant pour la plupart le régime nazi. Mis gracieusement à la disposition du Comité suédois pour l’aide aux enfants d’Espagne, le Château héberge en cet hiver 1937 52 enfants accompagnés par un médecin et trois institutrices de nationalité espagnole.
- Tract politique de 1937 (Archives départementales de l’Oise, Mp 5233). Cet afflux migratoire s’accompagne d’une politisation du conflit qui déterminera en partie les conditions de l’accueil. Les événements d’Espagne de juillet ont en effet durci le débat politique local, même si les grèves agricoles de l’été 1936 dominent les esprits. Dans ce climat général sensible, les repères traditionnels tendent à s’effacer au profit d’une poussée de l’extrême droite et d’une radicalisation des forces de gauche. Le conflit espagnol accentue ce mouvement de fond à travers d’abord la presse locale, véritable relais des partis politiques du département. Le journal Le Progrès de l’Oise, organe officieux du parti Social français (P.S.F), composante de l’extrême droite bien implantée dans le Compiégnois, s’empare de l’actualité du conflit espagnol afin de mieux vilipender les formations de Front Populaire en Espagne comme en France. Des affiches fustigent leurs adversaires politiques et syndicaux contre un « fascisme rouge », responsable des terreurs du conflit.
- Pour aller plus loin (notamment sur le Front Populaire dans l’Oise), Annales Historiques Compiégnoises, n°25, n°35, n°36, n°141-142. Jean-Pierre BESSE, 1936, le Front populaire dans l’Oise, Beauvais, 2006, 119 p.